Dans la mer il y a des crocodiles de Fabio Geda
Le secret de Chanda d'Alan Stratton
Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos
Il y a eu l’époque où il était possible d’acheter des petits Chinois. Notre idée de la Chine était alors complètement erronée. Notre vision du monde a-t-elle réellement évolué?
On a cru que la télévision et les journaux arrangeraient les choses et pourtant… certaines croyances continuent de sévir contre toute logique :
Les enfants africains sont très maigres et possèdent un gros ventre.
Les enfants français se mangent des claques sur la gueule pour un oui ou pour un non.
Les enfants américains sont obèses.
Les enfants belges boivent de la bière dans leur biberon.
Les enfants mexicains mendient dans la rue pour aider leurs parents.
J’ai même entendu dire que les enfants canadiens vivent dans des cabanes en érable.
Les préjugés sont tenaces, certaines images empruntées aux reportages de Vision Mondiale sont indécrottables. On a beau savoir que ce n’est pas comme ça que ça se passe, on y revient toujours malgré nous. Notre imagination est paralysée par les images de la télévision.
Heureusement que les livres sont là! Grâce à eux, nous devenons moins cons, moins racistes, moins « je-l’ai-vu-à-la-télé ».
Certains romans me ravissent parce qu’ils s’attaquent aux niaiseries qui flottent dans ma tête. Je viens de terminer le très beau livre de Fabio Geda « Dans la mer il y a des crocodiles » qui raconte l’histoire vraie d’un garçon de 10 ans qui quitte l’Afghanistan pour fuir le régime des talibans. Avec lui, on voyage au Pakistan, en Iran, en Turquie, en Grèce et on aboutit en Italie. Avec lui, on goûte, on renifle, on travaille, on se cache, on aime, on perd et on survit. Cette histoire m’inspire un grand respect pour les Afghans et tous les clandestins qui fuient et qui cherchent en même temps. Cette histoire enrichit ma connaissance du monde.
Je pense aussi au très beau roman d’Alan Stratton, « Le secret de Chanda ». Il raconte le quotidien d’une jeune adolescente qui vit au cœur de l’Afrique. Une histoire touchante qui souligne des valeurs telles l’entraide, l’amitié, la vérité et la confiance. Un récit tissé serré comme une famille réunie autour d’un des leurs qui va mourir d’une maladie incurable. Cette histoire élargit ma conscience.
Je ne peux vous laisser sans un mot pour un livre qui m’a profondément marqué. Je l’ai lu, il y a longtemps, et j’y pense encore très souvent. « Mon bel oranger » de José Mauro de Vasconcelos. On y rencontre le jeune Zézé, grand amateur de bêtises et de coups de pied au cul. Il est pauvre d’argent, mais croule sous son imagination débordante. Sa relation avec ses frères et sœurs, sa rencontre avec le Portugais et la peur de la mort qui, toujours, plane sur son histoire m’ont conduite à la dernière page, le visage baigné de larmes. Cette histoire me rappelle que les gens qui m’entourent sont tellement tellement importants.
Je suis reconnaissante envers les auteurs qui me font découvrir le monde par l’intérieur. Ceux qui m’offrent le quotidien de l'ailleurs où se vivent des joies et des peines aussi réelles que les miennes.
Je suis reconnaissante envers ses auteurs qui s’adressent aux enfants en leur racontant la vie d'autres enfants, l'espace d’un moment les cultures se mélangent et communiquent à travers la littérature.
Dans la mer il y a des crocodiles de Fabio Geda aux Éditions Liana Levi, 2011
Le secret de Chanda d'Alan Stratton aux Éditions Bayard Jeunesse, 2006
Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos aux Éditions Hachette Jeunesse, 2007 (réédition)
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