Peter Pan de Loisel
Maus d'Art Spiegelman
Virgile et Béatrice de Yann Martel
Un jour de Morris Gleitzman
C’est en lisant un essai sur la censure en littérature pour la jeunesse que mon voyage a commencé. Mais non! Ce n’est pas tout à fait exact.
Mon voyage a débuté dans les allées de BAnQ. Je cherchais un livre très sérieux concernant la médiation en bibliothèque pour la jeunesse. Comme d’habitude, j’ai erré entre les étagères, extrapolant d’un sujet à l’autre et empilant les livres intéressants dans ma besace. Son dos rouge m’a attiré : « Qui a peur de la littérature ado? » d’Annie Rolland. Sur la couverture : le petit chaperon rouge à moitié bouffé par un loup. Intéressant! Je l’ajoute à ma pile.
Le livre « […] défend l’idée que la volonté de censurer est moins une affaire de protection des adolescents qu’une manière de contrôler les conflits engendrés par le caractère rebelle en soi de l’adolescence. » J’aime bien le propos de ce bouquin. L’auteure y cite plusieurs titres que je prends en note, dont la bande dessinée Peter Pan de Loisel. Elle en parle avec respect et admiration en soulignant à quel point Loisel a respecté le propos de l’œuvre originale de James Matthew Barrie. Je n’avais pas lu la tétralogie du petit garçon qui ne veut pas grandir recréé par Loisel.
Je plonge dans l’univers de Loisel avec ravissement. Les dessins sont fascinants, d’une laideur magnifique. C’est horrible, hypnotisant, sensuel, envoutant. Tout ce qu’il faut pour provoquer la censure. Personnellement, je me suis empressée de mettre cette grenade dans les mains de mon ado! Peter n’est pas un gentil garçon… Clochette est ravissante et d’un égoïsme sans borne, une petite salope… Des personnages qu’on aime se font dévorer et la fin ne finit pas. Tout cela est bien peu recommandable, mais croyez-moi j’en conserve un souvenir vivant. Cette bande dessinée m’a provoquée et m’a fait réfléchir. Pourquoi quitter l’enfance et son absence de responsabilité ? Voilà la grande question que pose l’auteur. N’est-ce pas une question de choix pour un adolescent?
Je continue mon périple. En retournant à la bibliothèque, j’ai cherché d’autres œuvres de Loisel (à part Magasin général). Par hasard, je me suis retrouvé avec la BD Maus d'Art Spiegelman entre les mains. Je l’avoue, je ne l’avais pas encore lue. J’ai toujours fui cette bande dessinée sur l’Holocauste : peur d’avoir peur. En regardant les souris sur la page couverture, j’ai pensé au merveilleux roman de Yann Martel, Béatrice et Virgile, qui m’avait tant bouleversée. Allez, je plonge! Je cesse de me censurer moi-même!
Tout le monde l’a crié avant moi, mais j’ajoute ma petite voix pour confirmer que Maus est un chef-d’œuvre. J’ai du mal à en dire plus. Tout a été dit sur l’Holocauste n’est-ce pas? C’est la manière de dire qui est géniale. Des souris, des chats, du noir et blanc, le passé, le présent et une forte dose d’autofictions. Je n’en dis pas plus. C’est géant.
Le cœur gros, je poursuis ma route. Ho! J’aperçois deux enfants dans un wagon de marchandise. Il y a une étoile de David peinte sur les planches de bois. Le livre s’intitule Un jour. C’est l’histoire d’un enfant juif qui cherche ses parents. Le garçon ne comprend pas ce qui se passe. Il se raconte des histoires et imagine un tas de trucs… sauf l’inimaginable. C’est drôle et tragique en même temps. C’est la manière de dire qui est géniale. Je n’ai pas encore terminé ce roman, mais je sais que ce wagon me mènera ailleurs. Peut-être sur un sentier plus joyeux? Qu’importe, je continue mon petit bonhomme de chemin et je sais qu’il me mènera vers de belles découvertes. C’est une réelle joie de les partager avec vous.
Qui a peur de la littérature ado? d’Annie Rolland aux Éditions Thierry Magnier. 2008
Peter Pan de Loisel, Éditions Vent d’Ouest, 2001
Maus d'Art Spiegelman, Éditions «flammarion, 1998
Virgile et Béatrice de Yann Martel, Éditions XYZ, 2010
Un jour de Morris Gleitzman, Éditions Des Grandes Personnes, 2011
