Devant ma maison

Devant ma maison de Marianne Dubuc


Le mois de novembre nous prive de lumière, de santé, d'énergie, de chaleur... Il faut trouver des moyens pour se requinquer le Québécois sinon c'est la déprime collective.
Mon coiffeur m'a confié son truc: il installe et décore son sapin dès le 1er novembre pour donner un petit air des fêtes à son blues de l'automne.
Plusieurs de mes citoyens ont installé des lumières et des décorations autour de leur maison pour percer la grisaille de petits éclats de couleurs.

Personnellement, je combats courageusement en recherchant des livres ensoleillées qui donnent envie de rire et de chanter. J'en ai trouvé un... il est extraordinaire.
D'un beau vert lumineux, j'en suis tombée follement amoureuse. C'est un imagier cartonné d'une simplicité remarquable qui sous-entend un travail de moine en arrière-plan. Des images crayonnées aux crayons de bois qui rappellent de jolis dessins d'enfants savamment présentées sur fonds blancs ou  noirs.

"Sur une petite colline, derrière une clôture brune, sous un grand chêne, il y a... ma maison...
Devant ma maison...
un rosier.
Sur le rosier...
un petit oiseau."

Et on découvre des enchaînements surprenants pour revenir au bout du compte devant la maison sur une colline. Entre temps, on a visité l'espace, la grotte du yéti, le ventre de la baleine et j'en passe!
Un imagier qui se lit comme une histoire. Une histoire qui se raconte comme on chante “L'arbre est dans ses feuilles” de Zachary Richard.

Je me suis présentée devant une classe d'élèves de 6e année avec mon joli livre cartonné. Je voulais leur présenter le concept de l'intertextualité, ces idées qui se promènent joyeusement de livres en livres. À un moment donné de l'histoire, il y a le grand méchant loup...
Dans le grand méchant loup...
les 3 p'tits cochons, la maison de briques, la maison de bois, la maison de paille, la chèvre de monsieur Séguin...

J'ai expliqué aux élèves comment les auteurs peuvent emprunter des images d'autrui et comment on peut s'amuser à les dénicher dans différentes oeuvres. J'en ai même profité pour leur mettre dans les mains des albums de Mario Ramos en leur demandant d'identifier les traces d'intertextualité.

Tout ça pour vous dire que l'auteure de Devant ma maison a réussi un tour de force: j'allais quitter la classe avec mes livres pour bébés quand les élèves ont exigé que je leur lise l'imagier du début à la fin!
Je l'ai fait avec un immense plaisir parce qu'un tel travail mérite une très large diffusion.
Le livre a remporté le prix des libraires jeunesse 2011.

Devant ma maison de Marianne Dubuc aux Éditions la courte échelle, 2009.