- Maman... dis-moi maman... à quoi ça va me servir de lire et d'apprendre des poèmes à l'école?
- Fils... ho, mon fils... laisse-moi te parler d'Antoinette, ton arrière-grand-mère que tu n'as pas connue...
Je me souviens des jours de l'An où nous étions tous assis en cercle autour d'un grand vide que quelques chanteurs avaient la générosité de combler. Un oncle chantait sa ritournelle... une histoire de vieux garçon dans le fond d'un flacon. Je n'y comprenais pas grand-chose.
Mon père chantait une chanson à répondre avec des perdrioles et des lapins grattant la terre et moi, je chantais l'interminable chanson du Docteur Guéritout. Invariablement, Antoinette finissait par se lever et droite, droite comme un piquet, elle récitait toujours les mêmes poèmes:
- Les dix sous du Bon Dieu
- Si j'étais peintre
En y pensant, j'ai compris que la maladie avait tout emporté sauf la poésie.
C'est en lisant le beau roman de David Foenkinos, "Les souvenirs", que la poésie m'est apparue comme une réponse à sa question:
"N'ai-je pas réussi ma carrière au détriment de quelque chose d'autre? Quelque chose de plus vaste, de plus solide, de plus humain?"
Je vous parle de poésie parce que j'ai tenu dans ma main un livre de poésie russe qui ressemble à Antoinette: coloré, un look un peu désuet, il raconte des poésies et quand je m'en approche... le temps s'arrête. C'est un livre de poésie pour enfants, un recueil étrange d'histoires qui viennent d'ailleurs:
Toute violette
Est ma maison
Et tout violet est mon cochon.
Violettes sont
Chambres, cuisine,
Et la piscine.
À l'horizon
Un train violet est à l'arrêt.
Et voici là
Deux beaux lilas,
Un gros bouquet.
C'est si mignon, tout est violet!
Et puis,
Je n'avais pas
D'autres crayons...
- Mon fils... la poésie c'est, parfois, tout ce qui nous reste de l'école de la vie.
Appréciation: Il est beau, beau, beau. C'est plus qu'un livre, c'est une oeuvre d'art.
Hardi Hérisson et autres poésies russes illustrées par Delphine Chedru aux Éditions Albin Michel, 2011
Les souvenirs de David Foenkinos aux Éditions Gallimard, 2011
Je l'ai vu et librairie et fait mettre de côté pour mon prochain passage Totalement en amour. Mon porte-monnaie lui ne l'est pas!
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